Le Phénix

Citation :

- Comment ça, enfuie ?
La question résonna un moment dans la pièce sombre. Deux hommes s'y trouvaient. Le premier était le Phénix, le chef d'un des plus grands réseaux illégaux d'Alamëa, le RCP, Réseau Clandestin du Phénix. Il avait le physique d'un trentenaire, mais en réalité, il avait près de cent ans : c'était un membre de la race des vampires. Le teint assez pâle -ils n'avaient pas tous la peau blanche-, des cheveux noirs de jais et des yeux couleur nuit. Sur le dos de sa main brillait un symbole argenté, son Feins. Les Feins, tous les vampires en portaient un : il indiquait l'endroit ou ils avaient été mordus avant d'être vampires. Il représentait, dans le cas du Phénix, un oiseau en vol, d'où son nom de code. Aujourd'hui, comme très souvent, il était habillé d'un long manteau noir, et d'un costume de même couleur, composé d'un pantalon et d'une chemise. Il avait également une écharpe dans le même ton, quoiqu'un peu plus clair, et un panama noir. Il aimait s'habiller en noir, cela le rendait plus mystérieux, plus distant, et donnait mieux à ses visiteurs une impression d'infériorité.
L'homme en face de lui, un humain assez petit et maigrichon, au cheveux bruns et yeux marrons et qui était habillé d'une tunique et d'un pantalon en lin, suait abondamment. C'était l'humain chargé de s'occuper des prisonniers : les nourrir, vérifier qu'ils ne s’arrachaient pas la peau à l'aide de leurs chaînes... Il déglutit avant de répondre :
-Je.. Je venais voir si elle était réveillée... Quand je suis entré, elle n'était plus là...
-Et le garde ? demanda l'autre plutôt sèchement.
-Pardon ?
-Le garde était-il à son poste ? L'a t-il vu ?
-Il était là... et il n'a rien vu.
Le Phénix soupira. Lui avait compris ce qu'il c'était passé, mais apparemment pas cet humain. Il le poussa et sortit, le laissant en plant.

Enfin, pas tant en plant que ça : il se dépêcha de sortir du réseau de tunnels souterrains pour rejoindre sa pauvre maison en ville. Pourquoi le Phénix ne lui avait rien fait ? Tous ceux qui l'avaient un jour côtoyé savaient qu'il ne laissait rien passer, et surtout pas la perte d'un prisonnier. L'année dernière, un garde qui devait patrouiller avait laissé passer un espion. Depuis on était sans nouvelles de lui. Des rumeurs disaient qu'on avait vu le Phénix l'emmener. L'homme frissonna dans l'air frais de la nuit et remonta son col. Peut-être le chef du RCP viendrait-il le chercher plus tard ? Il secoua la tête et s’enfonça dans les ruelles sombres

Le Phénix, lui, ne pensait déjà plus à l'humain, il avait d'autres choses bien plus importantes à faire. Et il était bien trop heureux pour le punir de sa stupidité. La veille, la patrouille qu'il avait envoyée en mission était revenue triomphante : ils avaient tendu un guet-apens à la Lionne, une femme chef d'un réseau moindre qui tentait de prendre la place du RCP. Bien informé, mais qui possédait de très maigres effectifs, trop maigres pour qu'ils espèrent un jour arriver à leur but. Mais c'était de toute façon trop tard : la Lionne avait été capturée. Elle pensait aller à un rendez-vous avec un de ses contacts, mais les hommes du Phénix lui étaient tombés dessus.
Désormais, elle était enfermée dans une cellule de la « Cité Souterraine » comme les gens l'appelaient. Enfin, ceux qui connaissaient son existence. C'était le quartier général du RCP : un réseau souterrain sous la ville de Galia. Elle était aussi grande que la ville elle-même, mais aucun humain étranger au RCP n'y avait jamais mis les pieds ni même en avait entendu parler. Elle était constitué de milliers de galeries, certaines larges comme vingt hommes, d'autres laissait à peine passer quelqu'un de profil. A aucun endroit le soleil ne passait : les vampires craignaient ses rayons. Certains n'étaient pas gênés, mais c'était mortel pour beaucoup.
Les cellules étaient placées juste sous la prison de Galia : les galeries recopiaient les rues de la ville. Le Phénix justement venait de remonter le long couloir par lequel on y accédait. Il s'arrêta devant la porte d'une des plus grandes, gardée par un autre humain. C'était la cellule de la Lionne. Le vampire sortit un gant sans doigts de sa poche et l'enfila à sa main gauche, afin de cacher l'oiseau argenté sur sa main. Les vampires étaient encore moins connus que la Cité Souterraine, et ils faisaient leur possible pour cacher leur existence. Le Phœnix ne jeta même pas un œil au garde et ouvrit la porte, utilisant la clé qui restait toujours sur lui : elle ouvrait toutes les portes de la Cité Souterraine.

Il entra dans la pièce sombre. Sombre, mais pas pour lui : les vampires avaient une excellente vision nocturne. La salle était carrée, les murs, plafond et sol fait de la même matière : la roche. Une roche noire et épaisse, qui empêchait quiconque de sortir de la pièce ailleurs que par la porte. Au mur, en face du Phénix, pendaient deux chaînes en métal gris et épais. C'est là que la Lionne devait se trouver. Le vampire s'appuya contre le mur, un pied contre celui-ci et l'autre au sol, et dit :
-C'est bon, je sais que vous êtes là. Vous pouvez vous montrer.
Quelqu'un d'autre aurait pensé qu'il parlait au mur, jusqu'à ce que l'espace vers les chaînes se brouille et qu'une jeune femme apparaisse. Elle avait de longs cheveux blonds en cascade et des yeux bleu-vert. Elle devait avoir une trentaine d'année, et c'était une humaine, pas une vampire. Elle fixa l'homme en face de lui, sans se douter de ce qu'il était : d'après les sources du vampire, elle ne connaissait pas l'existence de sa race.
-Phénix... dit-elle.
Il sourit ironiquement en faisant une courbette.
-Lui-même. Bienvenue au cœur du RCP, Laura.
Elle parut étonnée. Il connaissait son véritable nom.
-Comment ?..
-J'ai mes sources.
Il regarda les chaînes.
-Vous semblez maîtriser la magie...
L'humaine ne répondit pas et s'obstina à regarder un point à côté de lui.
-Vous pouvez parler. Je sais beaucoup de chose sur vous et votre réseau. N'essayez pas de prendre ma place, vous n'y arriveriez pas.

Après tout, il avait cent ans d’expérience. Encore jeune pour un vampire, mais c'était l'âge où ils étaient encore lucides : à partir d'environ trois-cents ans, ils avaient vu tellement de choses qu'ils perdaient pied à la réalité. Non, cent ans était un bon âge pour s'occuper du RCP, qui existait depuis maintenant vingt-cinq années. La guerre qui déchirait l'Alamëa durait, elle, depuis cinquante ans. Les deux humains qui avaient déclenché cette guerre étaient désormais des vieillards. C'était deux frères, tout deux avides de pouvoirs ; lorsque leur père, le Roi de tout le continent, mourut, ils se battirent. La moitié du Royaume soutenait l'un, l'autre moitié soutenait l'autre. Ils s'étaient divisés en deux groupes : Le Royaume Nord et le Royaume Sud ; des frontières avaient été définies, mais la guerre continuait, soutenue par les enfants des deux frères. Le RCP aidait plus le Royaume Sud, mais il agissait toujours dans l'ombre, attaquant parfois son allié sans que celui-ci sache de qui cela venait. Galia, et donc la Cité Souterraine, se trouvait sur le Sud, très près de la frontière. Cet endroit était épargné par la guerre car de grandes montagnes auraient gênées les deux armées : l'endroit parfait pour le RCP.

La jeune femme, après un moment de silence, répondit enfin :
-Laissez-moi partir.
Le Phénix émit un rire amusé.
-Vous laisser partir ? Pour que vous puissiez mieux me planter un poignard dans le dos ensuite ? Je sais très bien que vous ne pourriez pas faire ça, mais je n'ai pas l'habitude de relâcher mes prises. Je préfère les.. neutraliser.
Elle s'agita.
-Oh, pas vous tuer... Sauf en dernier recours. Mais je préférerait ne pas en arriver là.
Il se décolla du mur et s'aprocha légèrement.
-Vous avez de bons contacts... Vos services seraient utiles à la RCP...
Elle cessa de bouger et plissa les yeux.
-Que voulez-vous dire ?
-Rejoignez-moi.
Elle ouvrit la bouche pour répondre mais il la stoppa en tendant la main.
-Tut tut. Je vous laisse réfléchir. C'est une grande décision... Soit vous me rejoignez et vous me jurez d'être loyale, soit vous refusez et je prendrai une décision sur ce que je fait de vous. Je reviens demain à cette heure.
Il sortit sans lui laisser le temps de dire quoi que-ce-soit. Elle accepterait, c'était sûr... Et sinon, que faire d'elle ? Pas la tuer, ce serait trop simple et trop rapide. Peut-être la laisser dans le cachot jusqu'à ce qu'elle accepte ou meurt de faim... Bah, il verrait le moment venu. Il avait d'autres chats à fouetter pour le moment.

Commentez svp ^^
Ne serais-ce que pour dire "J'ai pas compris telle chose", ça m'aide beaucoup ^^

J'ai pas lut en entier car juste au début sa m'a parût très louche.

Déjà tu commences une discutions comme ça sans explication, puis c'est quoi Alamëa ? Une ville, des égouts, un cochon :OO

Un petit résumé au début ne ferait pas de mal. Je lirais la suite quand j'aurais le temps !

Pas tout lu non plus, mais je vais le faire. :3
Par contre, je trouve que commencer par un dialogue ça peut se faire, c'est une entrée en matière comme une autre. o/

Il y a un o à Phoenix ( Moi aussi, j'ai misdu temps à l'admettre) ! Sinon, c'est cool !

Ïoups

J'écrivais aussi Phoenix, jusqu'à ce que ma mère me dise qu'écrit comme ça c'était soit en anglais soit la ville au Canada ^^

Bref x)
Merci pour vos commentaires ! Le chapitre deux est quasi-fini !

Citation :

A peine sortit de la cellule, il retourna dans les couloirs à grands pas. La nuit avait laissé place au jour depuis un bon moment, et le Phenix n'aimait pas ça. Le soleil ne le tuait pas, mais il l'exposait beaucoup trop selon lui. Mais là il n'avait pas le choix : il devait aller voir un de ses contacts, et il avait rendez-vous dans un bar dans les quartiers mal famés.
Le vampire rejoignit un des accès vers l’extérieur : il y en avait une trentaine, qui donnaient aussi bien dans des loges du Palais de Galia que dans un des placards à balais de la ville. Tous étaient très bien cachés et étroitement surveillés.
Il gravit la centaine de marche qui menait dans un autre bar que celui où il avait rendez-vous en tapotant le pistolet qui était en permanence accroché à sa taille. On n'était jamais trop prudent. Avant de sortir, il remonta son écharpe, qui lui cacha le nez, et baissa son chapeau : son champ de vision était amoindri, mais il fallait qu'il reste caché. Il laissa le gant sur sa main gauche et mis son double sur l'autre.
Il poussa la porte en haut des escalier et porta sa paume à visage. Comment les humains pouvaient-ils vivre dans cette lumière aveuglante, et comment lui-même avait-il fait pour vivre ainsi ses trente premières années ? Il laissa le temps à ses pupilles de s'habituer, puis avança. C'était l'arrière-salle du bar, et le patron de celui-ci -le seul au courant du passage-, ne fut guère étonné et adressa un signe de tête au Phenix, qui répondit de la même manière en passant rapidement. Il sortit par la porte arrière et s’avança dans la rue.
Il serra son col comme si il avait froid, ce qui n'était guère étonnant étant donné qu'on était en hiver- et joua des coudes pour pouvoir se déplacer dans les rues de Galia. Personne ne le reconnaissait, mis à part quelques gens qui faisaient mine de ne pas le voir.
Il grinça des dents. Décidément il n'aimait vraiment pas la foule.. Et encore moins être obligé d'aller dans les mauvais quartiers, emplis de type à la mine patibulaire. Oh, il n'avait pas peur d'eux : un vampire possédait une force incomparable et avait une meilleure constitution qu'un simple humain, aussi il serait dur pour eux de lui faire quoi que ce soit...

Enfin il arriva au lieu de rendez-vous. Le Phénix leva la tête et observa le bâtiment : une maison en bois toute bête, composée de deux étages : l'un pour le bar, l'autre pour abriter le propriétaire. Sur l'enseigne, en forme de couteau, on pouvait lire "Au Coupe-Gorge". Charmant endroit... Il poussa la porte qui émit un grincement, et aussitôt une dizaine de regards convergèrent vers lui, surveillant qui entrait, mais ils détachèrent vite leur attention du personnage sombre. Sauf un homme, le contact. Le Phenix s’approcha de sa table, située dans un coin de la pièce, et s'assit face à l'humain, dos contre le dossier et bras croisés..
Il remarqua que le bois était gravé de mots et de signes, la plupart grossiers, fait au couteau. Il n'eut pas le temps de les contempler, car l'homme prit la parole.
-Il y à une nouvelle chauve-souris dans mon grenier, dit-il.
Une nouvelle chauve-souris, un nouveau vampire. Ils n'utilisaient que des phrases codées, au cas où des oreilles indiscrètes traîneraient.
-Tu sais où elle se cache ?
-Derrière la huitième poutre, après le fer à cheval.
Huitième maison après le maréchal-ferrant.
Un homme arriva, coiffé d'un bonnet bleu trop grand pour lui et portant un plateau.
-Vous voulez ?.. demanda t-il.
-Rien. dit le Phénix en se levant, posant discrètement une pièce sur la table qu'il fit glisser vers son contact. Je pars.
Il se dirigea vers la porte, ne jetant même pas un œil vers les autres clients qui le lorgnait de nouveau, et sortit. Le soleil commençait déjà à se coucher. Se dirigeant vers la huitième maison, il pensa au meilleur moyen d'attraper le nouveau vampire.
Ceux-là ne devaient pas rester en liberté : les premiers jours après les transformations, les jeunes ne contrôlaient pas leur soif de sang et étaient fou. Il fallait compter près de deux semaines, voir d'un mois, pour qu'ils se calment. Les vampires "adultes", eux, pouvaient vivre sans manger pendant presque deux mois. Et ils n'étaient pas pour cela obligés de mordre les humains : un animal comme un bœuf ou un porc faisait l'affaire.

Il arriva à la maison indiquée. Elle était abandonnée, on le voyait par les fenêtres obstruées par des planches et les herbes sauvages poussant dans le jardin. Cependant, la poignée de la porte était propre, quelqu'un l'avait ouverte il y à peu : le vampire. Le Phénix prit son pistolet de la main droite tout en attrapant la poignée de l'autre. Il fallait se méfier des jeunots : ils étaient tellement déchaînés qu'ils pouvaient tuer.
Il poussa le battant et entra. Il faisait sombre, enfin il pouvait se reposer les yeux. Mais pas le temps d'y penser : il tendit son arme et inspecta le moindre recoin de la pièce poussiéreuse. Aucune trace du vampire. En revanche, il y avait au sol plusieurs gouttes de sang séché ; il avait déjà du repartir en chasse.
Le Phénix décida de l'attendre. Il balaya rapidement le canapé plein de poussière qui forma des nuages, puis s'y assis : il était sur le mur à droite de l'entrée. Le vampire ne le verrait pas tout de suite, l'endroit parfait. Il remarqua une carte d'Alamëa au mur. Il se leva et l'observa : elle était vieille, l'île d'Archeï n'y figurait pas.

Au Nord figurait les plaines d'Illandra, couvertes d'herbe verte, de lièvres et de ruisseaux. On y trouvait plusieurs villes, dont Sterm. Au Sud, c'était la forêt d'Ostain, des arbres immenses qui cachaient les tours de Faln. A l'Est on trouvait le désert d'Okaïné, le pire endroit que puisse imaginer un vampire : du sable, un soleil ardent et du vent, pas d'ombre. Aucune ville ne s'y élevait. A l'Ouest enfin, c'était les montagnes du Belio, où se dressait Galia. Le continent était entouré de l'Océan. On le disait infini, mais ça n'avait pas empêché les humains de trouver l'île d'Archeï, loin au Nord, une cinquantaine d'années auparavant, peu avant la guerre. Depuis le Royaume Nord en avait revendiqué l'autorité.
Au milieu de la carte était grossièrement tracé, au crayon rouge, une ligne qui montrait la frontière entre les deux Royaumes. Galia était placée pile sur le trait, alors qu'elle aurait dut être plus basse, mais l'humain qui l'avait tracé n'avait pas l'air de vouloir faire propre.
On voyait également, à divers endroits, des ronds jaunes. Le Phénix savait de par leur emplacement qu'ils indiquaient les lieux des plus grandes batailles, pas une ne manquait.
Etrangement, la carte était vieille, mais les traces récentes : c'était le seul objet qui n'était pas couvert de poussière et les tracés étaient récents. Quelqu'un venait-il ici pour noter les moments importants de la guerre ?

Il fut tiré de ses réflexions par des bruits légers dehors. Il se rassit et murmura un sort. Aussitôt la pièce devint sombre. Plus encore qu'avant : même lui ne distinguait que de très vagues ombres. Il raffermit sa prise sur le pistolet.

Merci pour vos premiers commentaires ! Hésitez surtout pas si quelque chose vous fait tiquer, ça ne fera que m'aider ^^

J'annonce mon partenariat avec Tempo !
Je continuerais le point de vue du Phénix, et elle fera celui de Laura !
Au fait, Papillon Ecarlate sera sûrement notre dessinatrice ^^

Chapitre 3 !

Citation :

Pendant que le Phénix s'apprêtait à attraper un nouveau vampire, Laura réfléchissait, toujours attachée dans sa cellule. La faim et la peur la rendait folle.
Fallait-il accepter l'offre ? Joindre le Lion Blanc, son réseau, à celui du RCP ? En plus, le RCP était dirigé par un vampire fou et qui ne connaissait pas le mot « compassion ». Était-ce la bonne solution, ou mieux valait décliner la proposition et risquer la mort ? Le Phénix, que savait-elle de lui au juste ? Juste son pseudonyme. Pas même son véritable nom ou son âge. Elle savait cependant qu'il était un vampire : elle était la seule personne du Lion Blanc à connaître leur existence.
Si elle acceptait, la laisserait-il diriger ses hommes, ou ferait-il mains basse dessus en la renvoyant au rang de simple humaine ?

Elle frissonna. Que faire ? Mourir et laisser le risque au Lion Blanc de se faire prendre, faute d'un nouveau chef, ou bien rejoindre le RCP et être sûre que ses hommes seraient laissés tranquilles ?
Elle soupira et se laissa glisser. Elle tournait en rond et n'arriverais à rien comme ça. Mais pourquoi avait-elle voulu se rendre à ce rendez-vous !

Elle était à son quartier général, au cœur d'Askeir, un bourg près de Galia, lorsqu'un de ses hommes l'avait prévenue d'un lieu de rencontre : quelqu'un désirait entrer en contact avec elle, afin de rejoindre le Lion Blanc. Sans se douter de quoi que ce soit, elle s'y était rendue, heureuse de trouver un nouveau membre, sans même trouver étrange cette ruelle sombre et étroite, remplie de recoins sombres où il était facile de se
cacher.
Lorsque l'homme avait prit la parole, elle aurait dû se douter du piège :
-Bienvenue chez nous. avait-il dit.
Bienvenue chez lui ? Mais quelle idiote elle avait été !
-Ainsi vous voulez nous rejoindre ? Avait-elle demandée.
-Plutôt l'inverse.
C'est là qu'elle s'était rendue compte du traquenard, beaucoup trop tard. Alors qu'elle allait tourner les talons pour fuir, cinq hommes étaient sortis des nombreuses cachettes. Deux devant, aux côtés du premier homme, et les trois autres derrière, lui bloquant toute sortie. Ils s'étaient rués sur elle, l'avait assommée d'un coup à la nuque, et elle s'était réveillée là, dans cette cellule.

Depuis combien de temps y était-elle enfermée ? Un jour ? Deux jours ? Impossible à savoir, la pièce était démunie de fenêtre. En tout cas, étant donné sa faim, cela faisait déjà un bout de temps. Un homme lui avait apporté de l'eau, mais elle n'avait rien eu à manger, pas même un bout de pain. Le Phénix était vraiment sans pitié... Il était peut-être horrible, mais il était le seul à pouvoir lui enlever ces chaînes, si elle acceptait son marché. Mais le ferait-il vraiment, ou lui soutirerait-il des informations avant de la tuer, voir même de la mordre ? Après tout c'était un vampire, et le peu qu'elle savait de cette espèce lui disait de ne jamais se fier à aucun d'entre eux, surtout pas à quelqu'un comme le Phénix. Cependant, elle savait que la loyauté était très importante chez eux : jamais ils ne trahiraient une promesse. Un vampire qui ne respectait pas sa parole était mal vu par les siens, voir même mettait une prime sur sa tête, pour quiconque le ramènerait, mort ou vivant.

La voilà la solution : lui faire promettre de ne jamais la tuer ni de la trahir pour récupérer ses hommes... Mais cela suffirait-il ?

Chapitre 4 !

Citation :

La porte s'ouvrit et une silhouette se glissa à l'intérieur. Au bruit qu'elle fit, le Phénix devina qu'elle s'approchait du canapé. Une main se posa sur la lampe, juste à côté de celui-ci,en quête d'un peu de lumière. Aussitôt le vampire donna un coup de la crosse sur son dos : on entendit un gémissement étouffé et la silhouette recula.
Le Phénix leva le sort et on vit de nouveau clair. Il observa l'homme en face de lui. C'était un jeune, peut-être une vingtaine d'années, blond aux yeux bleus et traits fins. Il aurait pu être beau, mais le sang dont il était couvert gâchait un peu cette impression. Ses vêtements, une modeste tunique
et un pantalon en laine, étaient déchirés par endroits et sur son cou brillaient deux ailes argentées, son Feins.
-Un humain ici ? dit-il.
Il ne finit pas sa phrase, car l'"humain" avait pointé son arme vers son cœur.
-Tu comptes vraiment me tuer avec ça ? demanda t-il en riant.
Il cessa de rire lorsque, sans baisser son arme, le Phénix enleva son gant gauche et montra le Feins qui y luisait.
-La marque du phénix... dit le vampire en reculant, l'air soudain effrayé.

La marque du phénix était une vieille légende, qui existait depuis que celui du même nom était devenu vampire. On disait que quiconque voyait le Feins du phénix était condamné à mourir. Heureusement, le mythe s'était effritée, et les humains pensait que la marque pouvait être partout : sur un mur, au fond de l'eau... Ils avaient oublié qu'elle appartenait à un vampire. Et d'ailleurs c'était mieux pour le Phénix. La montrer déstabilisait toujours ses adversaires, comme il venait une fois de plus de se le prouver.

Il se leva et sourit.
-La marque du phénix. confirma t-il. Maintenant ne bouge pas...
L'autre recula, trébucha sur un tapis et se rattrapa de justesse à une commode. Mais il avait oublié la force des vampires : entrainée par le poids, le meuble tomba aussi, laissant le vampire à moitié assommé par terre.
Le Phénix s’approcha, remit son arme à sa taille tout en mettant un genoux à terre et écarta une mèche blonde.
-Tu ne maitrise pas encore ta force. Laisse-moi t'entraîner et tu feras un des plus puissants vampires... Quel est ton nom ?
-Arken... souffla l'autre.
-Arken ? Un beau nom de vampire.
Il attrapa sa main et tira un bon coup ; Arken se retrouva debout, encore chancelant.
-Bon. Suis-moi maintenant. Tu vas découvrir quelque chose. Un seul mot de ce que tu verra à quelqu'un et tu comprendras quel effet ça fait d'avoir un poignard planté dans le cœur.
L'autre vampire déglutit et acquiesça : il semblait avoir soudain perdu toute folie. Lorsque le Phénix commença à sortir, il lui emboita le pas sans résister.

Ils prirent le chemin de l'entrée même que le chef du RCP avait emprunté une heure plus tôt. Déjà il faisait nuit, et les humains étaient en train de manger ou de dormir ; les rues étaient calmes. L'idéal pour le Phénix. Il jeta un œil derrière lui : Arken regardait par les fenêtres comme un enfant regarde une pâtisserie.
-N'y pense même pas. Il faudra que tu apprennes à juguler ta folie du sang humain.
L’intéressé baissa les yeux et continua à avancer en regardant le sol devant lui, et les deux vampires arrivèrent enfin au bar.

Le Phénix pourra la porte et observa les ivrognes encore présents, et qui passeraient sans doute leur nuit ici. Pauvres humains, après cinq verres ils étaient déjà saoul ! Murmurant un nouveau sort, il fit signe à Arken d'entrer. Lui-même aurait pu y aller facilement, mais les vêtements tachés de sang du jeune homme ne passeraient pas inaperçus ; aussi avait-il figés les humains le temps qu'ils rejoignent la porte qui menait au quartier général du RCP. Lorsqu'ils se réveilleraient, ils n'auraient qu'un léger mal de crâne et aucun souvenir des dix dernières minutes. A peine les mots magiques finis, il ressentit une légère baisse de son énergie : c'était toujours ainsi lorsque quelqu'un utilisait un sort. La plupart des magiciens -déjà très rare-, pouvaient à peine soulever une feuille. Les plus puissants pouvaient soigner des blessures mortelles ; la magie était dûre à utiliser, et aucun sort n'était très important.

Ils avancèrent en louvoyant entre les tables, et Arken regardait étrangement les humains. Bien sûr il ne connaissait pas la magie, tenue aussi secrète que l'existence des vampires. En voyant les hommes ainsi figés, il perdit toute envie de sang. Ouvrant la bouche pour poser une question sur ce phénomène, il fut stoppé par un mouvement de main du Phénix.
-Pas tout de suite. Maintenant, descend ces marches.
-Quels mar....
Il resta interloqué lorsque le phénix empoigna ce qui semblait être une bouteille et qu'une porte coulissa. Derrière s'étalait un escalier, s’enfonçant vers les ténèbres. Obéissant au vampire, il posa le pied sur la première dalle de pierre et commença à descendre prudemment, suivit duPhénix, qui était bien plus sûr de lui.

A peine la porte se fut-elle refermée qu'un individu du bar se leva. Lui n'avait pas été pris dans le sortilège : il avait fait semblant. Il quitta le bâtiment en souriant : enfin il avait trouvé la cible parfaite.