Aberration des Enfers. [U-C]

Nom : Aberration des Enfers.
Sexe : Mâle.
Âge : 35 Lunes.
Clan : Meute Fantôme, né dans le Clan de la Nuit.
Rang : Guerrier.

Noir et blanc. Ombre et lumière. Il est grand, haute-sur-pattes, comme on dit. Pourtant, il est fin et souple. Son court pelage bicolore cache des muscles discrets mais bien présents. Une tache blanche court sur son poitrail et sur le dessous de sa tête. Un museau noir, des yeux verts-bleus. Ses yeux... luisants d'une tristesse sans fin, d'une mélancolie qu'on ne s'attend pas à trouver là. Grand, agile, port de tête altier. Longue queue qui lui confère un bon équilibre et qui se balance de droite à gauche, formant comme des points d'interrogation, en écho avec les questions qui tourmentent Aberration des Enfers. Un visage fermé et froid, glacé, même. Des oreilles fines et pointues. Et enfin, son sourire. Non, pas un simple sourire triste, ni même un rictus ironique comme on pourrait s'y attendre. Là, nous parlons d'un vrai sourire. Sa gueule s'entre-ouvre, ses crocs d'une blancheur éclatante apparaissent, puissants, mortels. Ses yeux bleutés s'assombrissent, et le malaise que provoque sa voix s'accentue, quand on voit son sourire. Sourire. Il ne sourit pas souvent, pas de cette façon. Ce sourire déplaisant ne survient que lors de ses « crises ». Ces sourires abominables, qui fait détourner le regard de celui qui a la bêtise de le voir à cet instant. Fou. La folie possède Aberration des Enfers. Entièrement, jusqu'au bout de ses griffes.
Non, décidément, Aberration des Enfers n'est pas quelqu'un de normal. Pourtant, il n'est pas exceptionnellement beau, ni même d'une carrure très impressionnante.
Il se débrouille mieux au combat qu'à la chasse, et a déjà survécu à maintes combats, comme le prouvent bien des cicatrices qui zèbrent son visage et son corps entier. Une profonde balafre court entre son oeil droit et son oreille droite. Son physique fin lui accorde de la souplesse, mais pas une très grande puissance. Il peut courir vite, à défaut de courir longtemps. Ses crocs, longs et blancs, ne sortent souvent que pour déchiqueter proies et ennemis à visage félin. Quand il perd son sang froid, ses griffes et ses crocs sont des armes à ne pas dénigrer.

Aberration. Enfers. Nom... bizarre, vous dites ? Pff. Un nom. Ridicule. Inutile.
Bientôt, les autres le connaîtraient pour autre chose que son singulier nom.
Mais même une description détaillée du caractère d'Aberration des Enfers ne pourrait vous révéler toutes les idées qui tournent et retournent dans le monde inaccessible - et sûrement peu accueillant - de ses pensées. Tout d'abord, personne ne peut se targuer le connaitre réellement. Et même une description détaillée de son caractère ne pourrait vous préparer à une rencontre avec lui.
Mais là n'est pas l'important. L'important réside dans sa haine. Cette haine, qu'il garde en lui et qui peut rejaillir à tous moments, comme le magma d'un volcan, et inonder son esprit et son coeur. Il est fou. C'est assez triste, de résumer Aberration des Enfer en ce mot si péjoratif, mais c'est pourtant la simple et pure vérité. Mais ce n'est pas une maladie du style schizophrénie ou toute autre chose de la même eau. La sienne est plus discrète, plus ambiguë. Bipolaire ? Pas vraiment. Deux facettes, aussi instables l'une que l'autre, qui se repoussent et pourtant se complètent. Aberration est quelqu'un d'assez indifférent à tout. Il n'aime pas la vie. Et il la méprise autant qu'il la chérit. Aberration des Enfers a facilement tendance a la dépression. Mais ne croyez pas qu'Aberration est un chat sadique et sans pitié. C'est faux, du moins, ce n'est pas la vérité vraie. S'il tue, ce n'est que par nécessité, ou parce qu'un malheureux aura eu la très mauvaise idée de le croiser dans ses moments de colère. Il a du sang-froid, et pourtant, sa haine est bien présente, cachée tout au fond. Quelque chose s'est brisé en lui, il y a bien longtemps. Son amour ? Sa pitié ? Sa capacité à éprouver de la compassion ? À moins que ce soit les trois à la fois. Mais ça, c'était sa partie calme, dotée d'un grand sang-froid. Sombre, mystérieux et tourmenté, certes, mais c'est tout. Un être lugubre, un zombie, qui est spectateur de sa vie plus que l'acteur principal.
L'autre partie de sa personnalité reflète ses désirs ardents les plus enfouis, ses ambitions inavouées et sa cruauté naturelle. Gare à celui qui énervera Aberration des Enfers ! Il risquera de se prendre une bête fauve, qui sèmera mort et destruction derrière lui, en pleine face. Un seul mot pour qualifier ce personnage : haine. La haine l'habite, le mène à la baguette. Faire couler le sang ne le répugne pas outre-mesure. Mais une ambition dévorante l'anime. Il veut devenir le futur chef de la Meute Fantôme, et ne doute pas d'y arriver. Aberration des Enfers ne peut répondre de ses actes dans ses moments, aussi rares qu'impressionnants.
Il aime son Clan. Il veut le meilleur pour lui, et c'est pour cela qu'il compte en devenir le meneur. Pourtant, ne jugez pas trop vite ce sinistre matou. Il a horreur d'être jugé. Contrairement à certains, son seul désir n'est pas de tuer tout ce qui bouge. Bien que beaucoup le croient juste cruel, c'est un être complexe et torturé. Doutes et questionnements rôdent à la frontière de sa conscience, n'attendant qu'une occasion pour se manifester. Il se déteste pour toutes les mauvaises actions qu'il fait, et est pourtant quelqu'un d’orgueilleux. Il continue, pourtant. Pourquoi ? Personne ne le sait, et lui-même n'en sait rien. Juste cette envie, cette rage de vivre, ce désir de continuer, envers et contre tout. Mais il nourrit, intimement, l'espoir d'un jour meilleur. Qu'un jour, ses démons personnels disparaissent, que le néant dans lequel il vit laisse place à un bonheur mérité, à une vie paisible. N'allez pas croire que sa haine est innée. Elle s'est accumulée, au fil du temps, sans qu'il trouve personne pour l'aider, personne pour le sortir de là. Mais aurait-il juste fallu qu'il croise les bonnes personnes pour changer ? Rien n'est moins sûr. De toute façon, son côté ambitieux et haineux est là pour le rappeler à l'ordre, et le pousser à avancer. Il ne cherche pourtant plus d'aide, du moins pas consciemment. Qu'ils aillent au Diable, tous autant qu'ils sont. Ils l'ont reniés au moment où il avait le plus besoin qu'on lui tende la main. Il les déteste, déteste, déteste...

• Les longues pattes noires du félin le faisait pratiquement voler à travers la forêt. D'ordinaire peu endurant, il aurait couru jusqu'au bout du monde pour fuir son crime. Les larmes qui embuaient ses yeux bleus lui brouillaient la vue. Il tombait, chutait, se relevait. Peut-être que c'était ça, la vie. Une éternelle fuite. Pourtant, il savait qu'il ne risquait rien, du moins pour l'instant. Les membres du Clan de la Nuit ne découvriraient pas avant un petit moment ce qu'il avait fait. Mais le temps, la distance ne changeaient rien. Sa conscience ne le laissait pas en paix, ne lui laissait aucun moment de répit. Tu l'as tué. Tu l'as tué. Tu l'as tué. Une petite voix martelait ces mêmes mots, sans discontinuer, comme un refrain. Le chat au pelage noir avait beau se concentrer sur sa course, les larmes affluaient toujours, les remords l'assaillaient. Comment pouvait-il se dire qu'elle n'était plus, maintenant ? Comment accepter l'idée que leur rendez-vous s'était soldé par cette abomination ? Un silence pesant s'était abattu sur la forêt. Ce silence renvoyait le fuyard à ses propres réflexions. Nul cri d'oiseau à travers les branches des arbres, nul brise qui remuait lesdites branches. Rien. Le néant, le vide, le rien. Le coeur en lambeaux, les yeux sans vie, il regarda les flocons tomber, les premiers de la Saison des Neiges. Devant lui dansaient les flocons. Il lui semblait qu'il avait autant de contrôle sur sa vie que ces flocons sur leur destination finale. Tomber, virevolter au gré du vent, atterrir dans les branches des arbres ou sur le sol, dans l'herbe, fondre, gelé, disparaître, être balayé, chassé, écrasé sous les pas des autres.


• Les yeux bleus du matou s'ouvrirent. Aussitôt, une pensée fusa dans son esprit embrumé : où était-il ? Il se redressa. Autour de lui, une substance blanche, poudreuse. De la neige. Il leva la tête, et aperçut les frondaisons des arbres qui masquent un ciel bleu-noir. Le jour n'était pas encore levé, et la forêt était pleine d'ombres mouvantes. Le félin s'assied. Que fait-il ici ? Pourquoi n'est-il pas en train de dormir dans la tanière des guerriers, au sein du camp du Clan de la Nuit ? Autant de questions, mais aucune réponse.
Puis, pour son plus grand malheur, tous ses souvenirs lui revinrent.

La journée avait si bien débutée ! Comment pouvait-il imaginer que vingt-quatre heures plus tard, il se retrouverait seul, perdu, dans un endroit inconnu ?
Abandon des Esprits, une guerrière de son Clan et de son âge, lui avait donné un rendez-vous. Elle était sa meilleure amie, et celle dont il était secrètement amoureux depuis leur plus tendre enfance. Quelle schéma classique. L'amour manque tellement de suspense, que c'en est presque désolant. Passons. Abandon des Esprits lui donna donc rendez-vous dans l'après-midi, et Aberration des Enfers y alla, des ailes lui poussa dans le dos quand il pensait que c'était là une occasion en or de tout avouer à la femelle. Le coeur léger, il était allé au lieu du rendez-vous, une candeur toute enfantine flottant dans son regard. Niais à en crever. Enfin, il arriva dans la clairière, ledit lieu du rendez-vous. Elle était là. Son corps mince et tigrée, ses yeux ambrés pétillants... Avant même qu'il ne puisse prononcer une parole, Abandon des Esprits sauta sur ses pattes, heureuse de voir arriver son ami, ne sachant bien évidement rien du triste sort qui lui était réservé.

- Ah, tu es là !

Toujours sans dire un mot, le chat bicolore s'approcha en trottinant, et s'assit à côté de la chatte tigrée.